Tu as peut-être remarqué qu’il n’y a aucune figure humaine dans mes tableaux depuis longtemps.
Un visage, c’est très personnel, unique. C’est dans les yeux que l’âme se révèle et pour moi ce serait sacrilège d’utiliser le visage de quelqu’un pour exprimer l’univers et l’universel.
Mon propre visage a été mon premier modèle. J’étais fascinée par ce qu’on peut découvrir dans les yeux, à la fois les cratères et les profondeurs de l’iris ainsi que le reflet du monde extérieur. Un symbole de tout ce qui m’anime depuis mes débuts: l’illusion qui se cache derrière la réalité. Étant le modèle le plus patient - et le seul - que j’aie trouvé, je me suis utilisée!
Mon deuxième modèle pour une série de tableaux surréalistes a été ma fille Aurélie. Elle avait onze ans, elle était patiente et j’avais une caméra polaroïd.
Ensuite, ce fut Marion. À sept ans, elle était le modèle parfait pour mes Enfants chasseurs. Ça l’amusait de poser pour moi. Enfin, je crois.
Ma quête à travers mes Enfants chasseurs était la mienne: ils cherchaient la lumière et, par tous les moyens, ils allaient la trouver.
J’ai poursuivi en 1997 avec La Guerrière, qui représentait la suite normale des choses: la
femme sur le chemin de la conscience. La Guerrière de la lumière exprimait la voie que j’empruntais désormais.
Il était essentiel pour moi d’éviter de donner une race ou une nationalité à mes Guerrières. J’ai donc choisi de peindre des masques à la place des visages.
En 2004, j’ai créé la série Les Divinités: six immenses visages représentant six divinités. Six femmes avaient accepté de poser, dont mes trois filles, Aurélie, Marion et Laura.
Sauf sur commande, je n’ai plus jamais reproduit des visages par la suite dans mes tableaux. Chaque figure est un univers qui possède ses constellations uniques et mes tableaux sont des invitations à voyager au-delà du réel. Je n’oserais pas t’entraîner dans un voyage en utilisant la carte du ciel d’un autre, n’est-ce pas?
Mais... J’ADORE dessiner des portraits!
Au crayon de couleur. Ça me permet de découvrir l’âme de la personne, couche après couche, en toute intimité. Au fil de l’observation, à travers les ombres et la lumière se révèle progressivement ce mystérieux sourire du cœur, unique à chaque être.
Comme j’ai suffisamment d’expérience
pour deviner le volume et les formes, imaginer les contours à partir d’une photo, ça me permet de prendre le temps d’avoir une conversation privée avec mon modèle.
En toute intimité, dans mon atelier.
Tant de choses sont racontées dans un regard! Alors, tu veux ton portrait?
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